• 한국프랑스학논집
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• v.102
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• pp.29-66
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• 2018

On a l'habitude d'aborder les arts poétiques français du XVIe siècle en s'appuyant d'abord sur l'opposition entre Du Bellay et Sébillet, puis sur le dualisme entre partisans et opposants des poètes de la génération précédente. Mais cette approche présente le risque de manquer l'essence même de la poétique de ces nouveaux poètes. Bien qu'ils acceptent et adoptent les principales notions de la rhétorique, le but qu'ils donnent à la poésie va bien au-delà de la persuasion ou de l'émotion. Du Bellay met l'accent sur le langage poétique pour capturer le naturel, Ronsard insiste sur la représentation de la vraisemblance, et Peletier insiste sur l'importance de l'élocution qui doit révéler les qualités du poète libre ; toutes ces problématiques ont avoir avec le nouveau rôle du poète, ce que Sébillet avait manqué de voir. Pour eux, le poète est celui qui s'efforce d'approcher un monde caché à nos regards, mais qui renferme en son sein une énergie. Il est celui qui doit reproduire cette énergie cachée à travers l''imitation, en utilisant un moyen d'expression qui est intimement lié à ses propres qualités innées. Voici la raison ultime pour laquelle les poètes de la Pléïade ont voulu dans leurs arts poétiques se distancer de Sébillet. Surtout, les principes du naturel et de l'imitation exigent des poètes d'explorer en faisant intervenir des qualités et des moyens tout personnels. Ils sont la preuve d'une reconnaissance de l'importance de la créativité individuelle du poète. En ce sens, les arts poétiques de Du Bellay et de ses amis correspondent à l'émergence d'une nouvelle perspective sur la poésie et sur la valeur même de la fiction. On peut dire que les arts poétiques du XVIe siècle, en cherchant à affirmer la valeur de la langue française et en explorant une nouvelle définition du poète, ont servi de fondement aux théories littéraires qui traiteront abondamment de la créativité de la fiction.